Antoine Attout & Amélie Van Liefferinge
Au fil de son histoire et suite aux déménagements successifs, les moulages de l’ULB ont subi des dégradations matérielles plus ou moins conséquentes et des pertes importantes. Une rapide comparaison entre l’état actuel de la collection et les anciens catalogues permet d’évaluer globalement les disparitions depuis 1930.
Alors qu’au lendemain de l’inauguration du Musée Léon Leclère, la collection comptait plus de 160 moulages dont la moitié appartenait à l’Antiquité, il n’en subsiste aujourd’hui que 63. D’emblée, il apparaît que c’est la section antique qui a subi le moins de pertes puisque 44 pièces ont été conservées, contre 19 pour la section médiévale et moderne. En outre, deux ensembles déjà minoritaires en 1932 ont complètement disparu : l’art oriental antique (8 moulages) et les sculptures des XVIII e et XIX e siècles (3 moulages). Il en va de même pour les empreintes de monnaies antiques. Plus précisément, au sein des différentes périodes de l’art gréco‐romain, le nombre de disparitions fluctue. Ainsi, la période archaïque (15 pièces conservées sur 18) est la mieux préservée, suivie par le V e siècle (10 pièces conservées sur 17). La balance s’inverse pour la période des IV e et III e siècles (7 pièces conservées sur 19) et l’art hellénistique et romain (9 pièces conservées sur 22).
Ces disparités s’expliquent notamment en observant les dimensions des moulages conservés : ce sont presque systématiquement les reproductions de petite taille qui ont disparu. Il s’agit en effet d’éléments plus faciles à déplacer ou à jeter et, généralement, d’œuvres moins emblématiques que les grands groupes. C’est le cas justement des moulages d’art oriental qui ne dépassaient pas 45 centimètres de haut. Les deux autres sections antiques les plus sévèrement touchées reflètent le même constat : l’art des IV e et III e siècles était composé en grande partie de petites rondes‐bosses (10 pièces sur 19), le lot d’art hellénistique et romain était quant à lui composé de 9 petites rondes‐bosses et de trois petits reliefs sur 22.
Le critère de la taille peut s’appliquer également aux reproductions du Moyen Âge et des Temps modernes : ce sont essentiellement les petites statuettes, têtes, bustes, cartouches, pièces de détails et tondi qui ont disparu. Le cas des reliefs de l’urne de San Zanobi de Ghiberti offre un exemple particulièrement éclairant à ce propos : des deux éléments moulés sur l’urne, seul le plus grand panneau a été conservé. On signalera néanmoins l’exception d’une Vierge à l’enfant et d’un buste de Jésus enfant de Desiderio da Settignano qui ont subsisté en dépit de leurs plus petites dimensions.
Malgré ces disparitions, le contenu actuel de la collection rassemble encore des pièces offertes par les quatre donateurs de l’exposition de 1929 et présente, dès lors, un aperçu intéressant de différentes pratiques d’ateliers. Effectivement, les techniques de moulage et les traitements de surface des pièces issues de ces différents lots semblent répondre à quelques constantes. On constate, par exemple, que beaucoup de moulages du Gouvernement hellénique présentent un plâtre légèrement jaunâtre teinté dans la masse. Par contre, les moulages du Ministère des Beaux‐Arts italien sont généralement réalisés en plâtre blanc et renforcés par une armature métallique. Le cas des moulages offerts par le Board of Education semble plus problématique car une estampille sur le moulage d’une tête de cheval du Parthénon conservée au British Museum indique que la pièce a été réalisée par un atelier Bruxellois. Tous les moulages du lot britannique n’ont donc pas nécessairement été réalisés en Angleterre et pourraient provenir de différents ateliers.